Société Scientifique de Bruxelles



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Prépublication


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Cléro (Jean-Pierre)


Science et pseudo-science : sur quelques aspects des relations des sciences avec le sens commun, la religion et la philosophie

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Résumé

Le scientifique peut bien s’imaginer faire un travail très distinct de celui qui s’opère en usant simplement du sens commun ou de celui que l’on pratique en philosophie, en posant comme critère de démarcation la précision des désignations, la rigueur de ses démonstrations, sa facilité de le transmettre intégralement et sans équivoque à autrui, et quelques autres critères, sa séparation des autres discours n’est jamais que relative. Si certains discours non scientifiques semblent pouvoir être disqualifiés sans remords, la non-scientificité de certains autres discours, qu’ils proviennent du sens commun (qui croit d’emblée un certain nombre de choses) ou de la philosophie (qui s’installe sur un mode réflexif à l’égard des discours scientifiques) n’est pas sans nécessité ni intérêt pour les discours scientifiques. En réalité, ces discours se supposent et s’interpénètrent les uns les autres ; ils ne sauraient se poser substantiellement en discours parfaitement identifiables et radicalement distincts les uns des autres. Il se pourrait que la notion de «fiction» soit la seule qui puisse expliquer les relations qui existent entre les divers langages qui s’entrelacent ainsi et permettre les entrelacs entre ces discours constamment en mouvement. Avec toutes sortes de rebondissements : de la même façon que la science — s’il n’en est qu’une ! — peut requérir un jeu de fictions que la philosophie peut repérer et recueillir, la science peut aussi tenter d’incorporer délibérément ce jeu à elle-même. Avec quel succès ? S’il n’y a pas de terme aux discours des fictions qui permettent le passage de discours les uns dans les autres, ce discours des fictions n’est pas seulement celui d’un entremetteur ; il n’est pas seulement produit par chaque discours ; certaines sciences ou façons de faire de la science ont fait le pari que les sciences, comme elles prétendent parfois savoir faire leur propre épistémologie et leur propre philosophie sans le secours d’une philosophie qui leur serait extérieure, pouvait intégrer le discours des fictions. Obtient-on par-là d’autres résultats ? Cette intégration ne fait-elle pas que surcharger et embrouiller leur propos ?


Summary

While scientists may well believe that they are performing a task which is quite distinct from those simply employing common sense or that practised in philosophy — by relying on distinguishing criteria such as their precise descriptions, rigorous demonstrations, their ability to entirely and unequivocally communicate this know-how to others, and a few others —, their perceived separation from the discourse surrounding other subjects is merely relative. Where some non-scientific discourses can readily be discarded, the non-scientific nature of certain others, whether they issue from common sense (which believes a certain number of things from the outset) or from philosophy (which has a reflective approach as regards scientific discussions), is neither without interest nor necessity when it comes to scientific discourse. In fact, these ideas are intrinsically interwoven and permeate one another: they cannot stand far enough apart so as to be entirely distinct and individually identifiable. It is said that the notion of «fiction» is the only one that can explain the relationship between different intertwined languages thus leading to the interweaving of these discourses that are in constant motion. With many twists and turns: in the same way that science — if there is one! — might require a set of fictional elements that philosophy can identify and collect, science may also attempt to deliberately include this set into itself. To what end? Where there are no terms permitting the exchange of elements between fictional discourses, these do not simply remain intermediary: they are not merely a by-product of each discussion; certain sciences or ways of doing science reckon that the sciences, since they sometimes claim to be able to create their own epistemology and their own philosophy without resorting to an external philosophy, could eventually include fictional discourse. Would this lead to different results? Would this inclusion only serve to overload and confuse their ideas?